Les années de formations et de l’enseignement au numérique m’ont amené à penser la notion de l’Hospitalité digitale. Si l’hospitalité est une notion présente dans toutes les cultures, et ce, à travers toutes les époques, ce n’est pas par hasard. Cette notion vise à sécuriser une communauté, ses entrants et ses sortants. Par un ensemble de rites, elle permet à tous de rendre la première rencontre lisible et fluide et de faciliter l’intégration du visiteur dans la communauté. L’absence de lisibilité et de compréhension d’une situation (contextualisation) peut mener au choc culturel et augmente le risque d’un sentiment d’intrusion. Et quand il y a intrusion, l’accueilli et l’accueillant s’abordent et se quitteront probablement en « invité ennemi » (hostis), plutôt qu’en « invité favorable » (hospes). Ou alors, il peut y avoir prise d’otage, aussi bien par l’accueilli que par l’accueillant. Et en ligne, ce n’est pas différent.

 

Ce que l’hospitalité et le numérique ont en commun — et ce qui les distingue

Les mêmes images sont évoquées lorsqu’on parle du numérique. L’intrusion de l’autre, l’intrusion de la technologie, l’intrusion des réseaux sociaux, l’aliénation et l’isolation par les écrans et les réseaux sociaux, la prise d’otage par les technologies… tout y passe.

Aussi bien l’hospitalité que le numérique sont des notions pervasives, c’est-à-dire qu’ils entrent partout, dans toutes les veines de la société. Seulement, là où l’hospitalité semble pouvoir garantir la sécurité (ou du moins, c’est inscrit dans son ADN et ses démarches), le numérique déçoit visiblement. L’omniprésence de ce dernier fait peur. Est-ce parce qu’il nous confronte avec notre dépendance et avec des interdépendances qui nous dépassent ? Ou avec une incompétence, réelle ou imaginée ?

 

La défiance au numérique se mesure en quatre dimensions

Basé sur les échanges et lectures, je distingue quatre dimensions de défiance vis-à-vis du numérique (et de l’informatique)

  1. informatique : la personne ne semble pas pouvoir devenir à l’aise avec l’outil, avec la technologie,
  2. sociale : la personne soupçonne ou juge le numérique comme antisocial ; le numérique mettrait les relations sociales et la cohésion de la communauté en danger,
  3. économique : la personne ne veut pas que ses données ou son action soient le principal facteur de la valeur ajoutée pour un tiers, qu’un tiers fasse un business avec ce qu’elle produit. À cette notion s’apparente également des notions autour du « Digital Labor », le travail précaire du clic ou de veille/filtrage et les jobs précaires « réinventés » par les applications comme Uber, par exemple.
  4. politique : la personne ne veut pas être surveillée, ne veut pas qu’on sache ce qu’elle fait.

La plupart des personnes rencontrées lors des années de formation aux approches et pratiques numériques évoquent un mélange de ces quatre dimensions. Il serait intéressant d’imaginer une application ou un test qui visualise, sur ces quatre dimensions, où se situe la défiance de chacun. Une fois cartographié, on pourrait s’imaginer une approche permettant de ne pas perdre de l’énergie à un temps d’acculturation globale, mais de personnaliser ce processus.

 

L’acculturation numérique ne passe pas (uniquement) par les technologies

Le problème de l’acculturation numérique est qu’on parle principalement de la technologie. Bien qu’elle est présente dans les quatre dimensions, les dimensions de la construction, de la représentation et de l’ambition sociales sont presque uniquement abordées dans les travaux des universitaires. On ne peut qu’être heureux de constater que les dimensions abordées dans les sciences sociales entrent, lentement mais sûrement, dans les pratiques des « experts numériques ». Dans ce qui suit, j’essaie de clarifier une approche que j’ai développée au fil des années, inspirée par le travail avec des professionnels et étudiants pendant les formations et cours sur le numérique.

 

Cultures informatiques et numériques

Quand on échange avec les uns et les autres sur leurs problèmes avec le numérique, il s’avère que, pour beaucoup, la distinction entre « numérique » et « informatique » n’est pas claire. Pour faire court, je considère l’informatique comme ce qui relève de la technologie (hardware et software ou outils, machines, logiciels et applications), dont certains objets peuvent être utilisés dans la sphère du numérique. Ainsi, le téléphone, l’ordinateur et la tablette sont des « machines informatiques », mais permettent des actions numériques — dès lors que le lien (informatiquement écrit, codé, mais aussi physiquement intégré dans des réseaux) devient l’objet de l’action et non l’usage de la machine en tant qu’objet isolé. Utiliser son smartphone comme calculette, par exemple, ne relève pas du numérique, mais reste informatique. Communiquer les résultats avec un contact par le biais d’une application est plutôt un usage numérique.

Attention : je ne prétends pas donner ici une définition du numérique ou de l’informatique, car il y a débat sur ces notions. Lisez par exemple Michel Guillou1)https://www.culture-numerique.fr/?p=7593 ou Mario Tedeschini au sujet de la distinction informatique/numérique — 2) »Le numérique est une culture, pas une technique » : http://mariotedeschini.blog.kataweb.it/giornalismodaltri/2013/07/12/il-digitale-e-una-cultura-non-una-tecnica-le-dieci-leggi-delluniverso-digitale/?refresh_ce

 

  • 1. La dimension informatique : « Je ne sais pas utiliser ces machines »

Ainsi, la dimension informatique comme frein à la culture numérique concerne la capacité et les compétences qui sont nécessaires pour s’apprivoiser la machine, l’appareil, le logiciel, l’application. L’internaute doit comprendre les protocoles et procédures, et savoir interpréter une interface (compétences informatiques) afin de se sentir à l’aise dans l’univers du numérique, dans la culture numérique ou, pour utiliser une image que j’évoque dans mon livre, dans le « pays numérique » : pour être capable d’exister dans un pays, il faut non seulement la maîtrise d’une langue, mais aussi des codes culturels. Il devient extrêmement difficile de se positionner, de comprendre les sous-entendus, de savoir où aller si on n’arrive pas à lire et à interpréter les signaux faibles et forts.

Comme le dit Clay Shirky, les outils de communication sont socialement intéressants à partir du moment qu’on maîtrise la technologie :

« Communications tools don’t get socially interesting until they get technologically boring. »

3)Here Comes Everybody: How Change Happens when People Come Together (ed. Penguin UK, 2009) – ISBN : 9780141919478

Cette dimension informatique concerne donc tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec la machine, l’outil, la démarche informatique et ses protocoles et procédures. J’émets ici l’hypothèse que, si une personne présente une aversion complète à cette dimension, elle va doubler ce qui se ressent comme une incapacité informatique ou comme une confrontation, par l’invocation des dimensions sociales, économiques et politiques dans une plus ou moindre mesure. Car sans les compétences informatiques, il lui sera difficile de comprendre les enjeux et le plus souvent, elle évoquera des stéréotypes.

 

Le pays numérique, Beer Bergman : Bienvenue à l'Hospitalité digitale

Le pays numérique, Beer Bergman : Bienvenue à l’Hospitalité digitale, 2018, p.33

 

Si les trois dernières dimensions concernent aussi bien la manière dont on accueille l’autre par le biais du numérique et de ses technologies que la manière dont on accueille le numérique/l’informatique dans sa vie, cette première dimension réfère plutôt à la dernière partie de la définition de l’Hospitalité digitale.

Une des parties de ma définition de l’Hospitalité digitale est la manière dont on accueille « le numérique » dans notre vie. L’image évoquée est celle d’un territoire, d’un pays, comme on le faisait souvent dans les années 90 et, par conséquent, celle de ses cultures.

 

Parler de la nouvelle culture, c’est aussi évoquer la culture préexistante

Et quand on arrive dans un nouveau pays, ce pays informatico-numérique, on ne se confronte pas seulement avec une nouvelle culture, mais aussi avec la sienne, celle qui préexiste. La rencontre avec l’inconnu, et plus est, l’inconnu non aimé (hostis), est aussi une confrontation avec sa propre volonté et sa capacité de pouvoir entendre et intégrer hors ses cadres connus un discours, un récit. Il en est de même de l’apprentissage et de la maîtrise des rites qui ne correspondent pas forcément avec ceux, préexistants dans notre culture d’origine.

Si la dimension informatique est doublée par une ou plusieurs autres dimensions, il va falloir trouver des approches qui facilitent un travail d’intégration de ces nouvelles dimensions dans la culture de base d’une ou plusieurs personnes.

Si la dimension informatique concerne la partie d’accueil du numérique/informatique dans sa vie, les dimensions sociales, économiques et politiques concernent également la manière dont on accueille l’autre par des dispositifs technologiques et les récits/discours qu’on développe sur et à travers ces objets.

 

  • 2. La dimension sociale : « On ne se parle plus »

La dimension sociale réfère à la conviction que le numérique nous rend moins sociales. L’échange par intermédiaire d’écrans ou d’outils diminuerait la qualité de notre vie collective et nuirait à la société comme entité sociale. Souvent, les observations sont liées à un passé imaginé plus social et plus « connecté », où la solidarité était un levier social plus important. Mais pas que : il y a un vrai débat sur ce sujet, notamment autour des excès (à partir de quel moment des pratiques peuvent-elles être classifiées comme excessives ?), car la société est en elle-même vivante et évolutive.

Il existe une littérature abondante sur ce sujet et le « vrai du faux » n’est pas ce qui nous concerne dans cet article. Entre les obligations et impératifs sociaux du monde préexistant et les obligations et impératifs sociaux du monde numérique, il y a de quoi lire, débattre, analyser. Dans le contexte du regard sur les quatre freins à l’acculturation numérique vue par le prisme de la notion de l’Hospitalité digitale, je cite cet excellent article (en anglais), qui aborde la construction sociale de l’individu à l’ère numérique et les possibilités de l’articuler différemment par des approches de design.4)Andrea, M. (2019). How Technology Reduces Us, and What We As Designers Can Do About It. Journal of Design and Science. Retrieved from https://jods.mitpress.mit.edu/pub/hsxloiq4

Il appartient à chacun, au moment de définir sa stratégie de communication et de marketing digitales, d’articuler comment il souhaite accueillir l’autre par une approche imaginée. Cette articulation va, pour partie, définir si la stratégie témoigne d’une hospitalité digitale respectueuse des valeurs partagées, ou pas. Les notions de confiance et d’authenticité dans le contexte de la rencontre entre « hôte accueillant » et « hôte accueilli », ainsi que l’équilibre entre visibilité – non-visibilité (notions de privacy ou de vie privée) sont à prendre en compte. Comme pour l’hospitalité, il y a un équilibre à trouver et de nouveaux rites à imaginer qui honorent — et sécurisent ! – l’entrée, l’intégration et la sortie de la personne qui arrive.

 

L’acculturation numérique dans la dimension sociale

En termes d’acculturation numérique, on s’imagine des approches qui expliquent et font vivre l’expérience numérique comme une expérience essentiellement sociale, sans pour autant ignorer les côtés moins positifs. Les réseaux sociaux ne sont ni uniquement une disruption avec le passé, ni uniquement un signe du progrès d’un présent et d’un futur plus heureux — ni leur contraire. La comparaison avec le passé n’est pas uniquement négative, elle explique aussi des postures qui perdurent, mais à travers de nouveaux outils et approches numériques tout en se situant dans un flux physique — numérique.

Pour construire des approches d’acculturation numérique qui adressent la dimension sociale, on dispose d’un arsenal important de textes : Jung, Heidegger, Goffman, Mead pour en citer quelques-uns nous ont laissé un héritage extrêmement riche pour comprendre l’interaction sociale et l’être prénumérique. Cette matière peut nous renseigner sur les différences et similitudes avec notre époque hybride, où le hors-ligne et le « en ligne » s’articulent comme dans un flux.

Et finalement, nous devrions accepter un côté dystopique, car celui-ci nous servira à imaginer une suite, numérique ou pas, pour faire évoluer la société vers un idéal imaginé.

 

  • 3. La dimension économique : « Je ne veux pas que mes données enrichissent un tiers »

L’invocation de la dimension économique va le plus souvent ainsi : « Je ne veux pas que mes données servent à enrichir un tiers ». Si les réseaux sociaux et les technologies web nous ont permis de devenir plus autonomes et libérés des cadres géographiques et temporelles, nul n’ignore aujourd’hui que la collecte, l’interprétation et l’usage des données personnelles constitue à la fois un défi et une problématique économique (je reviendrai sur la notion politique de la donnée ci-dessous) qui est loin d’être réglée. Et elles devraient nous interroger quant à la notion du « Digital Labor » : le travail fourni par de plus en plus de travailleurs dans des circonstances précaires sur les plateformes qui collectent les données dont sont friandes les grandes entreprises du web.5)lisez aussi Casilli,A. « Le mythe du robot est utilisé depuis des siècles pour discipliner la force du travail. En ligne sur https://www.liberation.fr/debats/2019/01/09/antonio-casilli-le-mythe-du-robot-est-utilise-depuis-des-siecles-pour-discipliner-la-force-de-travai_1701892

L’univers du web est alimenté par ces fameux Big Data, ces données récoltées et analysées qui pilotent un grand nombre de processus commerciaux et de gestion, à travers des algorithmes. Leur influence est énorme, car de plus en plus de décisions sont prises avec pour seul arbitre les données, dont on peut se demander si elles ne déshumanisent pas notre société. Dans le contexte de la loi sur le Renseignement (2015), le philosophe Michael Foëssel écrivait : “Or, rien n’est moins donné que ce genre de ‘données’. Le Big Data est l’emblème contemporain d’une très ancienne illusion : confondre le réel avec ce que nous pouvons connaître et ce que nous pouvons connaître avec ce que nous savons calculer. À cet égard, les objets connectés sont de la métaphysique mise en machine. Ils fabriquent des informations dont le tort est de se faire passer pour neutres alors qu’elles sont orientées par une décision arbitraire : seul ce qui est mesurable existe. (…) Les data sont censées être des descriptions de la réalité desquelles est absente toute interprétation.6)http://www.liberation.fr/chroniques/2015/05/01/un-monde-de-donnees_12820527) Foëssel parle des risques de la normalisation des comportements via la mesure des données.

Il est évident que l’image de ‘l’utilisateur comme objet’ n’inspire franchement pas confiance, car on est loin de la relation horizontale ‘hôte – hôte’, tel que l’hospitalité digitale se l’imagine – et qui correspond mieux avec Internet comme il a été vécu à ses débuts.

 

L’acculturation numérique dans le cadre de la dimension économique

Tout d’abord, je pense qu’il est essentiel qu’on enseigne, de manière structurelle, ‘l’économie du web’.7)Pour ceux qui habitent en Pays Mellois : je donnerai des interventions sur ce thème à la médiathèque de Poitiers le 13 avril 2019 et pour l’Université populaire du sud Deux-Sèvres en mai 2019 (sous réserve). Si trop de gens ne savent pas exactement ce qui se passe derrière les écrans et dans les coulisses du web, d’autres se concentrent uniquement sur les géants – et on risque de perdre les ‘classes moyennes du web’, pas celles des familles modestes dont parle la sociologue Dominique Pasquier, mais celles des PMI de services et du conseil, dont les consultants et les formateurs (pour rester dans les métiers que je connais), et j’en oublie certainement quelques nouveaux métiers qui se fondent sur les technologies du numérique pour exister.

Nombreuses sont les critiques sur les modèles économiques, et surtout sur le modèle prédominant qu’est celui de la Silicon Valley. Bien qu’elles soient pertinentes, il me semble important de ne pas oublier les aspects micro-économiques du modèle actuel et d’en étudier les nouveaux modèles économiques qui sont à imaginer. Ce qui manque, c’est une lecture plus fine des pratiques, une lecture qui prend également la mesure d’une armée d’indépendants et de petits commerçants vivant du web à l’heure actuelle.

 

  • 4. La dimension politique : « Je ne veux pas être surveillé »

Cette dimension s’exprime par ‘Je ne veux pas être surveillé’. La collecte des données se trouve au centre de cette préoccupation, car c’est par elle que la surveillance peut se mettre en place. Cette dimension est souvent uniquement perçue comme une préoccupation personnelle et individuelle, exprimée par ‘Je n’ai rien à cacher’. Néanmoins, on laisse plus de données personnelles qu’on ne le pense, par exemple quand on vous demande votre plaque d’immatriculation en payant votre stationnement. La donnée est partout et elle est collectée partout, avant d’être traitée par des algorithmes. Je suppose qu’on ne traite pas les données de ma plaque d’immatriculation par un algorithme, mais que l’entreprise de gestion calcule combien de voitures sont garées à quels moments de la journée ou de la semaine afin d’adapter l’offre (ou le tarif, par exemple).

C’est un exemple de l’usage de la donnée personnelle dans un cadre collectif. Si celles-ci concernent l’individu au début de la chaîne, l’ensemble des données peut donner lieu à des décisions politiques (et économiques, car elles sont évidemment intimement liées).

La dimension politique ne concerne donc pas uniquement la donnée personnelle individuelle, mais également l’usage qui en est fait vis-à-vis de la communauté. Et elle souffre sans doute du fait que les rites ne semblent pas être construits de manière démocratique et ne sont pas partagés par tous. Et là où les rites sont connus, elles ne semblent pas être équitables et provoquent des sentiments d’intrusion.

 

L’acculturation numérique dans le cadre de la dimension politique

Il est évident que l’enseignement des modèles économiques à l’ère numérique est un facteur important pour plusieurs raisons. D’abord, une fois les bases maîtrisées, on peut discuter des approches sociétales et des dimensions politiques à négocier pour organiser le territoire numérique. Comme le dit Astrid von Busekist dans cette conférence sur la théorie de la justice sociale de John Rawls : ‘La politique, ce n’est pas la vérité, c’est le débat des opinions et une décision qui en suit’.8)https://www.amazon.fr/Th%C3%A9orie-justice-John-Rawls/dp/2757814168/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1553689923&sr=8-1&keywords=john+rawls

Maîtriser les bases économico-politiques du web permettrait également à en discuter sans tomber dans les pièges des ‘vérités »  et de considérer la possibilité des explications contre-intuitives. On pourrait penser au concept d’’alétheia’ si cher à Heidegger, à la vérité comme un dévoilement de ce qui existe, plutôt qu’à la vérité comme un fait absolu et affirmé qui ne change pas. Les réalités du numérique se dévoilent lentement, non pas parce qu’elles ont été pensées comme si ou comme cela, mais parce qu’elles agissent sur la société, la transforment et sont transformées par elle en retour. Elles sont génératives et itératives et elles dévoilent continuellement la ‘mise à jour’ d’une (nouvelle) réalité — ou plutôt de nouveaux aspects de la réalité.

Je n’entends ‘l’alétheia numérique’ donc pas comme une quelconque prise de conscience d’une arnaque commerciale ultra-liberaliste ou d’une prise en otage (politiquement parlant) par les grands groupes du web. Je pense plutôt à un dévoilement de l’étant, lié au recul rendu possible par le temps, perçu comme un mouvement intégral modifiant la société lentement, mais sûrement. Les technologies ne sont pas neutres, loin de cela, mais le discours ne devrait pas se transformer en un combat entre les différentes idéologies. Laissons de côté la critique pour un moment pour nous concentrer sur cette ‘alétheia numérique’.

 

Conclusion

Chacun, dans un contexte spécifique et face aux défis auxquels il fait face, présente une combinaison de ces quatre interrogations ou freins à l’acculturation numérique tels que je les ai décrits dans cet article. Tous ceux qui sont confrontés à la ‘matière numérique’ devraient pouvoir les distinguer et les mesurer, afin de les prendre en compte pour le job qui est le leur. S’il s’agit de créer une application ou une stratégie digitale, d’éduquer aux cultures numériques, d’inventer les mondes connectés de demain, de protéger ceux et celles qui travaillent dans les domaines dans lesquels ‘le numérique’ s’est intégré, nous devons tous prendre en considération les valeurs et les contextes des acteurs afin de mieux vivre ce monde digitalisé.

 

Références   [ + ]

1. https://www.culture-numerique.fr/?p=7593
2.  »Le numérique est une culture, pas une technique » : http://mariotedeschini.blog.kataweb.it/giornalismodaltri/2013/07/12/il-digitale-e-una-cultura-non-una-tecnica-le-dieci-leggi-delluniverso-digitale/?refresh_ce
3. Here Comes Everybody: How Change Happens when People Come Together (ed. Penguin UK, 2009) – ISBN : 9780141919478
4. Andrea, M. (2019). How Technology Reduces Us, and What We As Designers Can Do About It. Journal of Design and Science. Retrieved from https://jods.mitpress.mit.edu/pub/hsxloiq4
5. lisez aussi Casilli,A. « Le mythe du robot est utilisé depuis des siècles pour discipliner la force du travail. En ligne sur https://www.liberation.fr/debats/2019/01/09/antonio-casilli-le-mythe-du-robot-est-utilise-depuis-des-siecles-pour-discipliner-la-force-de-travai_1701892
6. http://www.liberation.fr/chroniques/2015/05/01/un-monde-de-donnees_1282052
7. Pour ceux qui habitent en Pays Mellois : je donnerai des interventions sur ce thème à la médiathèque de Poitiers le 13 avril 2019 et pour l’Université populaire du sud Deux-Sèvres en mai 2019 (sous réserve).
8. https://www.amazon.fr/Th%C3%A9orie-justice-John-Rawls/dp/2757814168/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1553689923&sr=8-1&keywords=john+rawls

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